Anne Plamondon est une artiste et chorégraphe dont la réputation n’est plus à faire: elle cumule les projets et les implications, ce qui fait d’elle une actrice majeure au sein du milieu de la danse et, plus globalement, au sein du milieu artistique au Québec, mais aussi à travers le monde. Apprenez à connaitre la co-chorégraphe de notre nouvelle création à travers cette entrevue exclusive.
Qu’est-ce qui vous inspire pour vos créations dans votre quotidien?
Tout. La vie. La mienne et celle des autres. Quand un événement me rentre dedans, m’affecte, me trouble ou me déstabilise, ça me donne envie d’en parler à travers la danse.
Est-ce qu’il y a une œuvre, que vous avez interprétée ou créée, qui vous a marquée particulièrement ? Pourquoi ?
Il y en a eu plusieurs, tout dépendant de la période de ma carrière. C’est avec beaucoup de curiosité et de désir d’apprendre que j’ai approché tout les rôles qu’on m’a confiés, même les plus petits. C’est le besoin de surpassement qui me faisait mordre dans les défis qu’on me présentait. En début de carrière au NDT, il y a eu la création de Sad Case, de Paul Lightfoot et Sol Leon, qui m’a profondément inspirée. Je dirais aussi Stamping Ground et Un ballo de Jiri Kylian: j’avais un bonheur profond à danser son répertoire. Ensuite, il y a eu le duo A picture of you falling de Crystal Pite, dans laquelle j’arrivais à m’abandonner complètement, au delà de la rigueur et de la précision de son mouvement. Cette pièce a marqué ma carrière, je crois. Et puis, toutes les pièces que j’ai créées et dansées avec Victor Quijada, m’ont profondément transformée comme danseuse. Je pense entre autres à AV Input Output. J’avais une relation fusionnelle avec ce partenaire.
Selon vous, quelles sont les qualités primordiales pour être un bon chorégraphe ?
Je ne sais pas. Ce que je peux dire, c’est que je ne veux jamais oublier ce que c’est que d’être danseuse, la matière première de l’oeuvre. Je pense que c’est important de se rappeler que nous travaillons avec des humains et non pas des exécutants qui sont là pour faire ce qu’on attend d’eux. J’ai travaillé avec plus d’une trentaine de chorégraphes dans ma carrière: les plus inspirants étaient ceux qui étaient danseurs pendant longtemps avant de chorégraphier.
Comment approchez-vous le fait de co-chorégraphier l’œuvre VANISHING MÉLODIES ? Est-ce une expérience que vous avez déjà vécue ? Parlez-moi des défis et des côtés positifs.
La co-création demande une grande ouverture, et la capacité à laisser aller une idée pour laisser place à d’autre chose. J’ai co-chorégraphié avec Emma Portner pour notre duo Counter Cantor, et j’ai travaillé avec la metteuse en scène Marie Brassard à deux reprises pour mes solos Les mêmes yeux que toi et Mécaniques nocturnes. En création, il y a toujours des défis et des joies, quel que soit le type de collaboration devant nous. Tout ça est très excitant !
Si vous aviez à décrire en 3 mots les chorégraphies que vous avez créées pour l’œuvre jusqu’à présent, quelles seraient-ils ?
Échos, poésie, force collective
Connaissiez-vous l’œuvre de Patrick Watson avant de réaliser des chorégraphies sur ses chansons ? Qu’est-ce que son œuvre vous inspire ?
Bien sûr, je connaissais sa musique! Dans le projet, j’ai découvert quand même des univers plus mystérieux, avec une certaine étrangeté par moment, et ça me plait beaucoup.
Comme vous le savez, la compagnie fête cette année ses 50 ans. Qu’est-ce que vous lui souhaitez, pour les 50 prochaines années ?
Je souhaite à BJM un prochain chapitre de création artistique dynamique et inusité, qui inspirera les danseurs à se surpasser et fera vibrer le public encore et encore. Je leur souhaite le vertige que l’on ressent, quand on s’abandonne au nouveau et à la découverte. C’est très excitant !